Libertad

"Un voyage se passe de motifs.Il ne tarde pas à prouver qu'il suffit à lui-même.On croit qu'on va faire un voyage ,mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ,ou vous défait" de Nicolas bouvier

lundi 25 octobre 2010

La Higuera- Samaipata



 Nous quittons Sucre plein Est pour la route du Che (la notre:Tarabucco,Zudanes,Villa Serrano,La Higuera,Villagrande). On compte prendre quelques jours d’itinérant pour s’imprégner de cette région perdue et non touristique.

Dès les premiers jours, nous touchons du doigt les raisons de l’échec du Che. Hasardons nous à un parallèle doûteux.


 A 100 km de Sucre (sur une nationale) , un homme de las Vias Bolivianas (DDE) nous arrête avec détermination tenant fortement dans sa main une corde obstruant la route. Il nous indique avec un grand sourire, que la route est fermée de 7 h du matin à 19 h le soir pour cause de travaux. Il est 10 h 30. On est furieux d’autant plus qu’il n’y pas de panneaux indicateurs et que la police du péage, à la sortie de Sucre, ne nous avait signalé aucun problème sur la route. Le Che était également dépourvu de connaissance du terrain, des voix d‘accès. Il n’avait aucun contact civil.



N’ayant pas d’autre alternative, nous nous installons dans un petit chemin menant à un petit village Tarabucco. Vanessa ne sachant que faire, s’initie à la flûte de pan. Elle improvise des mini-concerts avec les quelques petits écoliers sortant de l’école. Le Che isolé, s’en remettait aux rencontres aléatoires des paysans et s’épuisait en tâches non combattantes.





Sur la place du village, un tarabucco arrache le coeur d'un conquistador Espagnol
Très accueillant!!!
 Très vite notre présence apparaît suspecte aux villageois. Un comité d’accueil, composé du maire et de son adjoint, tente avec maladresse de prendre contact avec nous en utilisant un mélange de quechua et de castillan. La communication est très difficile mais très vite nous comprenons que nous ne sommes pas les bienvenus en ces lieux. En castillan, le maire nous lance « No queremos extranjeros aqui ».C‘est clair cette fois-ci. De plus, il nous demande nos papiers que nous refusons de lui donner. Pour éviter que la situation ne s’envenime, nous utilisons les deux mots de notre connaissance en langue Quechua « merci » et « au revoir » et nous partons penauds. Le Che et ses guerilleros ne parlaient que castillan. Il était donc très difficile de communiquer avec les locaux. De plus, le paysan voit d’un mauvais œil ses nouveaux arrivants voulant les libérer. C’est d’ailleurs un campesino, Honorato Rojas, qui trahira le Che. Très conscient de la situation, il répétait à ses hommes découragés par les multiples difficultés rencontrées « Donnez moi un appui paysan entier et sincère et je réduirai à néant toute une meute de molosses que l’impérialisme lâchera à nos trousses ».

Nous pouvons enfin passer, dans la soirée, après les travaux. Nous ne sommes pas les seuls sur la piste. Nous suivons des camions dans un canyon. Soudain un gros caillou fragilisé par les dynamites de l’après-midi, tombe sur le camion nous devançant.
Une demi-heure plus tard la voie est libre et on nous fait signe de passer à notre tour. La trouille s’installe dans l’habitacle du camion. On franchit le canyon à vive allure en négligeant lamentablement les amortisseurs. Eprouvantes les routes boliviennes !!! Les sentiers et les pistes prises par el Foco du Che étaient difficiles et très dangereuses. La guerilla perdait beaucoup de temps dans les déplacements

…..

Le Che lors de son arrestation



En arrivant de nuit, dans un village inconnu, nous couchons chez l’habitant. Le corps d’Eric n’a pas supporté cette journée .Une fièvre aigüe l’occupe toute la nuit. Le Che souffrait d’un asthme chronique et d'arthrite, ses derniers jours furent un calvaire.






Le rio grande
Après avoir passé l’épreuve du Che, nous parcourons une route incroyable de beauté. Sauvage, isolée, nous avançons sur une superbe piste traversant une forêt tropicale, puis longeant le Rio Grande. Nous remontons sur des crêtes pour redescendre abruptement dans un paysage de garigue et arriver à La Higuera. Durant cet incroyable parcours de 5 heures, nous avons croisé une voiture …le pneu crevé.

Merci nuestra Camioneta de tenir le coup. La Higuera se mérite.


Notre arrivée à La Higuera



Notre arrivée est orageuse. Ce hameau du bout du monde, dans un paysage de garigue comporte une quinzaine de familles, de nombreux cochons, des ânes, des chevaux, une école musée, une auberge, une épicerie et ….6 bustes du Che. En effet ce village et ses quebradas (canyons) environnantes ont été le théâtre des dix derniers jours du Che et de sa guerilla. Lieu resté incroyablement authentique sans aucune exploitation du site. Un désinterêt total, ce qui le rend d'autant plus captivant !!!


L'auberge camping" la maison du télégraphiste"



On s’installe en camping chez Juan et Aude les Français qui tiennent l’auberge. Ils sont installés depuis 8 ans dans la maison du télégraphiste qui a reçu le dernier message signalant à la guerilla que l’armée Bolivienne, entrainée par la CIA, arrivait.







Que d'anecdotes patagées...
De plus Juan est un passionné et un puits de connaissance sur la période ultime du Che.(du 27 septembre au 9 octobre. Cette période n’intéressant personne et surtout pas les Boliviens, il n’y a pas d’écrits sur les derniers jours du Che. Juan a donc fait 5 ans de recherches sur les lieux, à la machette pour retrouver tous les déplacements précis de la guerilla, les 10 campements, les pierres et les endroits où sont tombés chaque guerillero. Il s’est également aidé des carnets du Che (très imprécis mais il donne les altitudes),d'Inti ( meilleur lieutenant du Che) et a interviewé pendant 5 jours le dernier guerillero vivant ’Benino’ qui vit encore en France.

Le groupe Cubain des gueilleros guévaristes
Passionnant, un vrai travail scientifique ! Le soir à la tombée de la nuit, il nous raconte de nombreuses histoires au coin du feu. On rencontre également les neveux du télégraphiste qui reviennent pour la première fois en ces lieux. Ils nous racontent également plein d’histoires incroyables. Ils étaient en vacances chez leur oncle le jour de l’arrestation du Che…. Autant vous dire que ce lieu chargé d’Histoire et ces rencontres ont apporté une dimension magique à notre séjour.



De plus nous sommes arrivés le 7 octobre et était prévue la commémoration de la mort du Che le 8 octobre avec la venue …..d’Evo Morales (pour la première fois à La Higuera). Une certaine hystérie s’installa pendant quelques heures au sein de la famille Robert. La commémoration a eu lieu sans le président ( faute de lieu sécurisé pour l'atterrissage de l’hélicoptère). Micro déception car la commémoration était incroyable. La cérémonie à la mémoire du Che se transforma très vite en discours de propagande en faveur d’Evo, de Chavez, de Fidel et de Raoul et de Correa (président chavezien de l’Equateur) et contre le libéralisme. Discours enflammés et chanteurs engagés se succédèrent pendant 4 heures sur la place en terre battue sous le regard bienveillant des 6 bustes du Che. Mario était subjugué et il a décidé de faire son petit film…
(Pour mieux apprécier cette vidéo  utiliser un casque car le son est enregistré assez bas , désolé !!! surtout pour ceux qui utilisent des portables)
http://www.youtube.com/watch?v=cKgEio7rEuA

De plus dans la chambre des neveux, dans le noir, un vieux bonhomme vient leur chanter la chanson qu’il avait composée (paroles et musiques) avec son charango (petite guitare bolivienne) pour la venue de son président. Après de multiples négociations et palabres, j’enregistre dans ce lieu merveilleux ce petit chef
d’œuvre. Notre hébergeur  ne veut pas partager.On vous donne donc  notre adresse avec les codes:
Cliquez sur le site ci-dessous puis rentrer notre compte : marionina puis le mot de passe: amsudrobert et cliquez sur l'onglet musique puis sur le fichier son : chanson evo neveux.Désolé , on vous fait travailler.
http://www.ezubi.com/p/site/


Récompense de 50 000 pesos pour la capture
du Ché mort ou vivant (de préférence vivant) pour mieux
l'exécuter ensuite
Petite anecdote : Le dictateur bolivien ayant pris la décision d’exécuter le Che s’appelait Barientos. Un an plus tard, il se tue dans un accident d’hélicoptère. Le cerveau humain n’aurait pas imaginé un tel scénario

Dans le canadon del arque, l’hélicoptère du général heurta un câble du télégraphe et tomba à pic. L’hélicoptère était un cadeau d’une grande compagnie pétrolière (le Gulf oïl Co) et le câble appartenait
à…l’état. Avec Barientos brulèrent deux valises de billets et plusieurs mitraillettes qui au contact du feu , se mirent à cracher une pluie de balles autour de l’hélicoptère embrasé. Si bien que personne ne put s’approcher pour sauver le dictateur. Chouette non !!!


Samaipata, du 10 au 19 octobre 2010

C’est décidé, nous quittons La Higuera, par manque de vivres et pour mieux découvrir la population de cette nouvelle région (celle de Santa Cruz). Nous mettons le cap plein Nord, direction Samaipata et la forêt primaire tropicale (à 1000m d’altitude). Nous tombons sous le charme de ce village tranquille au climat doux.
Nous y trouvons un petit coin de verdure reposant : un joli camping/hostal « El Jardin » ; et notre première famille de voyageurs. Ce sont des Français qui viennent de s’installer depuis 3 jours et qui pensent rester 3 semaines. Leurs enfants, Selim, Carmen et Fleur, vont à l’école bolivienne tous les matins, les nôtres aussi si les profs sont dispos entre 2 cafés. On se trouve pas mal de points communs avec Sandrine et Yannick. Ils habitent La Réunion mais sont originaires de Cholet. Le courant est passé tout de suite entre nous, extra !



Aussi nous décidons de parcourir les alentours chaque après-midi, et de finir la journée par un bon repas (ex : grillades ou pizzas dans le four en adobé).Baignades dans les cascades à 20 km de Samaipata.






Randonnée dans le parc Amboro au beau milieu des fougères arborescentes.







Ensemble nous découvrons « las pistas muy buenas » à 9 dans le camion, des cascades magiques, une végétation luxuriante, les randos de nuit, la faune locale : gros lézards verts et rouges, papillons multicolores.







Singes et aras (dans un refuge pour animaux tenu par une suisse).

Courageuse Vanessa car c'est les singes qui décident du moment pour quitter l'épaule de leurs hôtes.Cela peut être très long...



« El Jardin » est un lieu de rencontres international tenu par une bolivienne et un belge. Toutes les personnes qui y passent se retrouvent à cuisiner et à déjeuner ensemble, et les séjours sont souvent plus longs que prévu. D’autres rencontres très agréables : Kévin, un jeune aventurier sportif et maître de conf à Grenoble, Tristan, un aventurier australien musicien polyvalent, Fabiana, Olaf et leurs 3 filles, une famille argentino-hollandaise que l’on espère retrouver plus tard dans notre voyage, Charlotte et Olivier des voyageurs venus des Antilles,



Yannick nous prépare une pizza maison dans le four en Adobé (terre,paille,eau) du camping.
La grande classe !!!



 Sué 8 ans, nous a tous invités à son anniversaire bolivien.








Merci à tous pour ces bons moments passés en votre compagnie.

Après cette chouette semaine d’amitié, nous partons vers l’ouest, à Cochabamba, pour de nouvelles aventures. Nous n’irons pas plus loin dans la forêt, les mosquitos ont eu raison de nous et de notre patience, on va laisser dégonfler nos chevilles et nos bras, avant d’y retourner peut-être à l’est de La Paz.

6 commentaires:

  1. Flo-Joe-Nathan-Enzo26 oct. 2010, 05:47:00

    coucou,
    on en reste tous bouche bée ...

    bravo et bonne continuation.

    ps : Fidel n'est peut-être pas resté tellement fidèle avec le Che.

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  2. jjacques et sabine28 oct. 2010, 14:41:00

    Salut à vous companeros!
    nous aussi,on est dans la lutte. Alors oui, c'est vrai pas avec le panache ni la radicalité du ché, mais avec de belles journées de manifs (y compris de drôles de contre manifs de droite)de grèves et d'occupations. Cependant, j'ai un peu l'impression qu'on risque d'avoir le même résultat que le ché... mais pas à cuba..

    En tout cas merci pour tout. C'est du bonheur de rêver, de réfléchir, d'apprendre, de ressentir à travers vous.
    Et même si on vous a pas attendu pour tenter une rébellion enthousiaste, on espère qu'à votre retour, expérimentés, vous nous aiderez à en gagner une!

    A bientôt. plein de bises
    Si vous saviez combien il nous tarde de venir vous voir.....
    el chauchardos fuzierinas

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  3. gwendos familios1 nov. 2010, 08:21:00

    ché vrai qu'il y a quelque chose !

    on vous embrasse fort
    gwendo

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  4. Samaipata toujours autant votre beau périple

    Et même si les Che-villes d'Eric n'ont pas gonflé qu'à cause de la marche -si,si,si,si- on perçoit bien que l'Histoire a croisé votre histoire

    PS: il faudra renommer après votre passage la maison du télégraphiste (c'est quoi déjà un télégraphe?) "maison de l'internautionale"

    Bises à tous les 4

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  5. Camille (GS la haye foussière)2 nov. 2010, 08:29:00

    Bonjour Vaness,
    Quel voyage merveilleux vous faîtes ! C'est magnifique. Merci de nous faire partager votre périple.
    J'imagine que vous en prenez plein les yeux et pour tes enfants c'est une belle ouverture sur le monde et ces merveilles.
    De mon coté, je prépare mon retour au Laos accompagné de mes parents pour aout prochain et je m'épanouit pleinement au CFP où mon année à la Haye Fouassière me porte et m'a beaucoup appris.

    Bonne continuation et à très vite
    BISOUS
    Camille (suppléante en GS)

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  6. En vs lisant, c'était comme si j'étais là-bas, avec vous ! votre aventure est FOR-MI-DA-BLE !!! je vs embrasse tous les 4
    Blandine

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