Libertad

"Un voyage se passe de motifs.Il ne tarde pas à prouver qu'il suffit à lui-même.On croit qu'on va faire un voyage ,mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ,ou vous défait" de Nicolas bouvier

dimanche 3 octobre 2010

Sucre-Evo Morales- Cordillera de los Freilas

Sucre , considérée comme la plus belle ville de Bolivie (inscrite au patrimoine de l'Unesco), nous enchante: son climat très doux , son altitude raisonnable (2800 m), sa situation au milieu d'une sierra superbe, son architecture coloniale au petit air d'Andalousie, ses marchés et son énergie communicative. On décide donc de s'y installer, de s'approprier ces lieux. Installés confortablement chez une famille, où l'on profite de leur jardin et de leur cuisine, nous retrouvons nos habitudes citadines: sorties cinéma, concerts, visites de musées, emprunts de livres à la bibliothèque de l'Alliance française,ballades dans les rues très  animées et très commerçantes de Sucre...


Le fait de prendre le temps  (et de l'avoir) nous procure un plaisir inouï .On s'offre le luxe de retourner plusieurs fois dans les mêmes espaces appréciés, des petits plaisirs de sédentaires. On oublierait presque notre présence en Bolivie.






Heureusement de nombreux évenements nous ramènent à la réalité bolivienne.
Nous avons assisté à une manifestation d'enfants déguisés, organisée par toutes les écoles de Sucre, pour défendre les droits des enfants, pour l'avenir de notre planète, contre les pollutions...Ils ont bloqué la ville durant de longues heures créant des embouteillages monumentaux de bus et de camions klaxonnant et déversant un volume de CO2 considérable.







Sur une autre route (celle de l 'aéroport) , on ne peut quitter (ou entrer)  la ville que de 12h à 13h ou de 19h à 7h du matin pour causes de travaux.En dehors de ces horaires il faut attendre.Il faut le savoir , sinon on attend longtemps.Cela nous a permis de rencontrer un nombre important d'acheteurs de Volkswagen T4.







Nous aurions pu craquer mais la perspective de prendre les bus locaux nous en a dissuadés.










Indiens Tarabuco avec touriste
 

Tout ceci pour dire qu'ici tout est paradoxe, tiraillement, ambiguité, tradition et modernisme, salé sucré, le tout saupoudré d'une joie de vivre et d'une énergie communicative ennivrante.








Sucre est également une ville où l’on a signé les traités les plus importants de l’histoire de la Bolivie: la déclaration de l’indépendance et les deux constitutions votées par le gouvernement d’Evo Morales.On vous parle d’Evo, on en a envie et puis cela peut vous donner du courage en période de grèves en France .


Il est né en 1959 dans une famille Aymara dans l’Altiplano. Pour cause de sécheresse et de très grande misère , la famille Morales migre vers la douce vallée de Cochabamba. Le père d’Evo a décidé de troquer la pomme de terre contre la coca. Evo est un meneur et devient très vite le secrétaire général du syndicat des Cocaleros (Cultivateurs de coca).



Ascension fulgurante , il devient président en 2005 dès le premier tour (premier président indien de l’histoire Bolivienne) avec le parti politique MAS ISPS qui signifie « mouvement pour le socialisme-instrument politique pour la souveraineté du peuple ». Nom magnifique qui annonce un chouette programme. Le parti s’oriente vers l’articulation de trois mouvements, l’indianisme (identité) , le marxisme (la lutte des classes) et le nouveau nationalisme révolutionnaire (prédominance de l’Etat dans les domaines essentiels).
Les dirigeants du Mas piochent dans ces ressources idéologiques suivant les évènements politiques.

Son premier discours à l’assemblée devant les députés commence comme ceci : « Je demande à mes frères indigènes qu’ils me contrôlent et si je n’avance pas suffisamment , qu’ils me poussent ! Nous assistons au triomphe d’une révolution démocratique et culturelle. Nous passons de la résistance à la prise de pouvoir. Nous voulons avancer vers la libération de la Bolivie et de l’Amérique du sud . Nous allons poursuivre les luttes et les tâches que le Che n’a pu mener à bien , nous les achèverons nous même ».Puis se tournant vers les députés de droite , il s’exclame « Aujourd’hui c’est nous qui sommes ici ; mais n’ayez pas peur , nous n’allons pas vous faire ce que vous nous avez fait ».

La tâche d'Evo est immense mais passionnante
 Premier mandat difficile , il entame aujourd’hui son deuxième mandat. Morales s’entoure d’un intellectuel (ex-guérillero indianiste ) Alvaro Garcia Linera sociologue revendiquant l’héritage de Karl Marx et de Pierre Bourdieu. Il est susceptible de séduire une classe moyenne réticente à l’idée d'être gouverné par « un paysan indien incapable ». A ce jour , il reste adulé par 60 % de la population Bolivienne. Elle est généralement indienne ,paysanne, pauvre et vit dans l’altiplano. Le reste de la population ne le supporte pas. La situation politique en Bolivie reste très complexe et très conflictuelle.

 De notre côté, nous ne nous prononcerons pas sur le fameux slogan «  Bolivia cambia , Evo cumbre (la bolivie change, Evo tient ses promesses)».Il nous faut plus de temps et plus d’éléments pour avoir une micro-opinion.

Pour se faire une idée locale du pays , nous alternons entre ville et montagne.

Village de Chaunaca: point de départ de notre randonnée

Un trek de 4 jours dans la cordillère de las Freilas (25 km a l'ouest de Sucre) de village en village chez les indiens Jalq'a, nous tente bien. Il n'y a aucune carte . De rares agences proposent un circuit hors budget. Nous décidons de nous rendre seuls sur le site pour trouver chaque jour , à chaque village , un guide local. Nous rencontrons dans le premier village, Chaunaca, un parisien , Frédéric , ayant fait la même démarche que nous.Le courant passe bien , on part ensemble pour l'aventure.




Les démarches sont toujours les mêmes: il s'agit de trouver un guide, il faut convenir des prix et des horaires.Autres difficultés: trouver un logement et un chouia de nourriture pour se requinquer après 6 ou 8 heures de marche. La bonne idée en général est de rencontrer l'instituteur du village qui parle castillan et devient très vite notre interlocuteur avec les Jalq'a .Malgré les difficultés, nos rencontres furent néamoins formidables et instructives.Les indiens Jalq'a , peuple de langue quechua, vivent de l'agriculture et du tissage, loin des axes communication.



une assemblée du peuple à Maragua


Nous avons assisté á une assemblée du peuple dans la cour de l'école au sujet de la construction d'une salle commune dans le village. Palabres , discussions, choix du terrain sur la commune.Quelques uns doivent donner quelques bouts de terre . Les réunions se succèdent depuis un mois. N'appelle t-on pas cela la démocratie participative ?





réunion Tupperware avec Vanessa et Frédéric




Vanessa ne voulant pas être en reste, ouvre son sac et organise à la volée une réunion Tupperware avec quelques femmes Jalq'a....







Quelques mésaventures en cours de route :


Cabanas à Potolo
 Après 8 heures de marche , les cabanas proposées n'ont pas d'eau .Très dur de trouver de l'eau potable dans le village pour se désaltérer. Le lendemain, notre nouveau guide nous lâche en pleine randonnée. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver le village (3 heures de marche en solo, à vue et repérage á la boussole). Le même soir, les cabanes proposées ont une douche ...chaude. Pour chauffer l'eau, nul besoin de panneaux solaires, deux fils électriques se connectant dans la pomme de douche créent un court-circuit qui augmente la température de l'eau.On ne critique pas l'ingénuosité du système mais côté sécurité Nina n'a pas aimé. En tournant le robinet, elle a pris sa douche les cheveux dressés sur la tête:  la trouille !!!




Et pendant ce temps l'école continue.....









On s'oriente maintenant vers la route du Ché et Santa Cruz.A très bientôt....

5 commentaires:

  1. Entendu ce matin sur france info:
    "evo morales participant à un match de foot à la paz fut taclé virilement, certains disent à la limite..."
    Eric t'as pas pu t'en empécher !
    Une idole, y a plus de respect!
    Le reste de la dépeche indique , qu'évo (pour les intimes) aurait répondu par un coup de genoux dans son adversaire.
    Proche du peuple cet homme !

    Prenez soins de vous et évitez les " douches électriques"
    A trés bientot
    Gwendo

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  2. Le TP "douche électrique" m'évoque deux réflexions :
    - normalement ça n'est pas au programme du primaire, et peut être même pas à celui du collège. Prendriez-vous de l'avance sur le lycée ?

    - cela me rappelle un éminent professeur très sûr de lui. Il disait avec un ton condescendant (en un seul mot Gerardo ;-), se mettant à la portée de son auditoire, quelque chose comme :
    "Monsieur Eau et Madame Electricité ne partent pas en vacances ensemble !"

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  3. Salut les Robert!!
    alors, Sucre vous enchante?? si vous y etes encore, passez un soir après 18h voir une répétition du groupe Massis, calle Bolivar, entre l'hotel cruz del sur, et le cafe florin.
    Nous sommes à l'aeroport de santiago , en partance pour l'ile de pâque, un peu tristes de quitter se fabuleux continent!!
    bonne continuation
    Marine et camille

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  4. Encore encore on attend de vos nouvelles tous les jours !
    PS : J'ai essayé la douche électrique à la maison avec le chat du voisin, il a moyennement apprécié...les chats n'aiment décidément pas l'eau !

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  5. Il nous tarde d'avoir de vos nouvelles!!!
    C'est comme une drogue, quoi! On devient addicts à libertad.
    Bon WE!
    Céline et Xavier

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