Libertad

"Un voyage se passe de motifs.Il ne tarde pas à prouver qu'il suffit à lui-même.On croit qu'on va faire un voyage ,mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ,ou vous défait" de Nicolas bouvier

mardi 19 avril 2011

WWoofing-La ferme-Les Mapuches-Araucania-Argentina




WWOOFING






WWOOFING, action d’être un WWOOF (Willing Workers On Organic Farms, Travailleurs volontaires en fermes bios). Un bien joli terme qui attire par ses principes écologiques et solidaires, car en échange de votre travail à la ferme, vous êtes nourris et logés, sans contrat écrit. Mais, il suffit de se connecter au site du wwoofing pour découvrir que derrière ce joli mot se cachent aussi des valeurs capitalistes moins attirantes. En effet, pour accéder aux adresses et cordonnées des fermes qui vous intéressent, il faut payer la modique somme de 70€, et si vous êtes en couple 105€ (le 2éme paie 35€ seulement !). Nous étions décidés de tenter l’expérience tout de même, en cherchant par nos propres (photo oiseaux) moyens l’adresse des fermes chiliennes qui acceptaient des familles volontaires. Nous avons donc pris la route pour aller à la rencontre de ces fermes. La 1ère était assez incroyable avec arbres fruitiers, animaux, joli logement indépendant et … une piscine : le bonheur pour toute la famille, mais la patronne n’était pas trop partante pour une nouvelle expérience wwoofing, après avoir accueilli un couple de norvégiens qui passait plus de temps à se prélasser au bord de la piscine avec du vino tinto qu’à travailler dans la ferme. La seconde ferme que nous avons visité était tout le contraire : un terrain sec et poussiéreux recouvert d’amandiers, logement avec les proprios dans une toute petite bicoque, aussi crado qu‘eux-même. On ne vous parle pas du cagibi dégueu où devaient dormir les enfants, qui n’avaient rien à faire de la journée si ce n’est que se prélasser dans la poussière avec les chiens : un autre bonheur !

Nous en avons donc déduit que les fermes présentées sont inconnues des personnes gérant le site wwoofing et ne sont sélectionnées que par le seul critère qu’elles soient bios.

Travailleur de l'ombre...
 Beaucoup sont tentées de profiter de cette main d’œuvre bon marché pour l’exploiter. Nous avons l’exemple de nos amis belges qui ont bossé dans une ferme de 8h à 17h et le soir, ils bossaient au resto jusqu’à 2h du mat, avec un don en nourriture assez misérable.(heureusement ils avaient les restes du resto).
Nous pensons que les fermes inscrites sont motivées par ce moyen d’échange de services soit par appât du gain, soit par manque de moyens ou peut-être parfois par des sentiments solidaires.



Mais, nous avons supposé qu’il y avait aussi de chouettes expériences, alors nous repartons, en cette mi-mars, pour la 1ère ferme, la patronne ne nous ayant pas donné de réponse via internet, nous y retournons pour offrir de nouveau nos services.







 LA FERME BIOLOGIQUE





Les propriétaires étant absents durant la semaine, nous sommes accueillis par les gérants : Eduardo et Carmen et leur petit bout Ignacio (7 ans). Après nous avoir confondu avec une famille de Mormon au téléphone et pris pour des hippies (dixit Carmen) en nous voyant, l’atmosphère se détend rapidement. Dès le premier soir, ils nous invitent à souper avec eux dans leur modeste logis: C’est le préambule d’une histoire de travail, d’amitié et de fraternité.

LE TRAVAIL

On devient en quelques heures des ouvriers agricoles sous les ordres bienveillants d’Eduardo.




Vanessa alterne cueillette de mûres, pommes, poires avec la confection de confiture en cuisine. Le travail étant épuisant, Vanessa choisit de faire une infection intestinale qui la cloue trois jours au lit…








 La législation du travail au Chili étant plus souple, on en profite pour faire travailler les enfants dans les champs en plein soleil.







 Ils sont également en charge des repas quotidiens des brebis. Le soir, ils ramassent et comptabilisent les œufs des volailles.







Eric bêche à longueur de journée dans les champs en plein soleil. Il est heureusement très bien accompagné. Bénito, son voisin de bêche, est curieux et bavard, ce qui permet de nombreuses pauses à l’ombre des noyers, orangers et citronniers.







Tous les matins, un petit renard vient nous rendre visite attiré par les fruits tombés des arbres.






D’autres animaux nous tiennent compagnie, les tarentules sortent en automne. On a beau savoir qu’elles ne sont pas venimeuses, cela fait un petit quelque chose…





 Après 8 heures de travail quotidien, on apprécie un bon bain dans la piscine de la propriété.





LES GERANTS

 Eduardo Paineveilu . Personnage atypique mais très attachant. Il est Mapuche (seule tribu indigène du Chili). Dès le deuxième soir, il nous avoue humblement qu’il ne sait ni lire ni écrire.
Cet handicap est lié directement à l’histoire Mapuche. Au siècle dernier (et encore aujourd’hui) , les meilleures terres Mapuches sont spoliées par l’état chilien. Pour répondre à cette agression, les familles indiennes refusent d’envoyer leurs enfants à l’école publique (la double peine!). Eduardo le regrette aujourd’hui terriblement. Il est donc très attentif à ce qu’ Ignacio suive correctement l’école du village.

D’autant plus que l’Etat promet, d’un côté, de financer les études supérieures à tous les petits Mapuches obtenant d’excellents résultats à l’école puis au lycée. De l’autre il paupérise le peuple indigène en le privant de ces terres les plus fertiles. On aimerait connaitre les statistiques….

Eduardo, comme son peuple, est proche de la Pachamama (Terre nourricière en langage indien). Il sait tout faire de ses mains: cultivateur, bûcheron, charpentier, chasseur-pêcheur et…mécanicien auto.

 Les amortisseurs arrières du Volkswagen, épuisés par les pistes d’Amérique du sud, sont impossibles à changer car introuvables…pour un gringo (1 mois de recherche). Eduardo décide de prendre les choses en main. Il les démonte pour les montrer à son beau frère qui connait bien les circuits alternatifs à Santiago. Nous prenons une journée pour nous rendre en bus tous les trois à la Capitale dans le quartier où l’on rencontre ou…transforme toutes les pièces automobiles au monde. Sciés puis soudés, Cantalicio de Los Angeles (le prénom du beau frère d’Eduardo !!) m’assure que les amortisseurs peuvent tenir plus d’un an …après il faudra quand même les changer en France chez un gentil concessionnaire Volkswagen . Le soir, on fête cet exploit technique autour de bonnes grillades arrosées d’un bon petit vin chilien.


 Carmen Ramirez n’est pas d’origine indienne.Mariée à Eduardo, elle garde son nom de famille comme l'autorise la loi chilienne. Elle s’occupe des trois maisons (l’hacienda des propriétaires, sa maison et « la nôtre ») le tout pour un salaire de misère (60 € par mois).

Carmen et Vanessa s’échangent des plats typicos et discutent autour d’un thé après la journée de labeur.







Les enfants retrouvent Ignacio après l’école à 16 heures pour s’amuser dans les 79 hectares de la propriété (la plus petite exploitation du canton…les autres c‘est de l‘intensif).






LE WEEK-END

 




Le week-end, les campesinos se reposent ou font le tour de la propriété. Comme en Patagonie, ici on achète des terres cultivables, une rivière et une montagne.









On en profite également pour inviter nos voisins dans notre petite maison pour prendre le temps d’échanger et de se découvrir.




Vanessa joue de l'accordéon
devant maitres et valets...
 Les propriétaires après une semaine à Santiago, viennent se ressourcer mais surtout contrôler le travail et la récolte effectués par les gérants. Ils daignent organiser un petit apéritif en terrasse où durant deux heures les barrières dominés-dominants tombent. Pour la première fois depuis leur arrivée, Eduardo et Carmen sont invités par leur employeur. Notre présence n’y est pas étrangère.
Ils nous doivent bien cela. En effet ils paient Eduardo … 300 € par mois pour gérer un si grand domaine. De plus la propriétaire leur fait payer les œufs et le miel …de la ferme. De notre côté pour nos dix jours de travail, elle nous donne un petit panier composé d’un pot de miel, de la confiture, un peu de thé et des steaks de poulet congelé que « même les chiens y zont pas voulu » comme dit Nina. Le contrat wwoofing semble être oublié…même si au dernier moment elle nous achète du pain pour la semaine. Pour nous peu importe, nous étions venus pour autre chose : une expérience humaine, sincère et simple avec des personnes d‘une autre culture.(c’était un des objectifs de notre voyage).

Nous quittons ce lieu inoubliable pour parcourir 800 km plein sud pour entrer en Araucania, le territoire des indiens Mapuches.



LES MAPUCHES

Les Mapuches restent la seule communauté indigène au Chili. Ce que les Incas puis les Espagnols n’ont pas réussi à faire, le capitalisme chilien semble y parvenir aujourd’hui: avaler puis anéantir la culture et le peuple Mapuche. C’est le duel inégal et perdu d’avance entre deux mondes.

Une culture est communautaire et l’autre individualiste, l’une est en communion avec la nature et l’autre la dompte. L’une échange et l’autre vend, l’une se contente (devise Mapuche: ‘seulement ce qui est nécessaire pour le jour‘), l’autre produit du superflu et, surtout, l’une est minoritaire, l’autre majoritaire et fut durant un temps militaire (Pinochet s’est appliqué avec ses méthodes à détruire la culture Mapuche dans les années80). Quelques Mapuches se rebellent contre cette machine broyeuse bien huilée mais le gouvernement riposte : « il faut renvoyer ce cri au silence, gommer la différence, avaler ce peuple, piétiner sa culture, le recracher « chilien » et soumis » (cf « Le peuple mapuche » d’Alain Devalpo, aux éditions .





 LA PROVINCE D‘ARAUCANIA (région des lacs,forêts et volcans)






 Cette province est le poumon du Chili. Son territoire est recouvert de forêts magnifiques composées de coigües (famille des hêtres) et d’araucarias. Ce dernier est un pin millénaire immense poussant à partir de 1500 m. Il est natif du Chili, il y a 80 millions d’années les dinosaures le côtoyaient déjà.

On décide de parcourir cette province en utilisant la piste « inter-lagos » qui relie différents parcs nationaux .

Volcan llaina (2400 m)



 Au détour du chemin, quelques surprises se dressent devant nous…un volcan












...ou une rivière que l’on doit traverser avec l’aide d’un bac manuel. C’est gratuit…mais il faut donner un petit coup de main.







 Les aires de services étant inexistantes, les pauses se font sur des laves de volcan solidifiées.













 Les parcs nous offrent enfin des sentiers balisés pour randonner. La beauté du sommet nous fait oublier les efforts consentis dans la montée.










La quiétude des lacs nous incite à bivouaquer ou…














...à nager. L'eau n'est pas si froide que cela. Elle est surtout d'une transparence incroyable !!!












On a beaucoup aimé le volcan Osorno.
Envoûtant...!












Puerto Varas: lieu propice au romantisme à deux…mais on est quatre.










LA ISLA DE CHILOE





La cordillère vue de la isla
La isla de Chiloe (Nord Patagonie) bénéficie d’un micro climat. Il pleut toute l’année…La Bretagne à côté s’apparente à la côte d’Azur. D’après les experts, et ils sont nombreux , c’est l’endroit où il pleut le plus au monde (300 jours dans l’année). Durant notre périple de 4 jours, il n’a fait que gris sans une goutte de pluie. En cette période automnale, on s’estime heureux.

A l’inverse de la couleur du ciel, les maisons et les bâtiments de Chiloé sont de couleurs vives. On a adoré !!!






 La maison chilote la plus caractéristique est la cabane en bois sur pilotis (appelée sur l’ile « palitos« )











 Elles sont faites avec les moyens du bord. Il n’y a pas de normes d’habitation au Chili…pas besoin de permis de construire.







 Le revêtement extérieur est formé de lattes de bois de 90 cm fixées les unes aux autres sur trois couches. Chaque propriétaire les personnalise. Elles sont nommées ici « tejuelas »

                      
                                
                                                                                 






Les églises de nombreux villages sont également très colorées. Une manière comme une autre d’égayer la grisaille ambiante.






 On finit notre périple de 4 jours sur l’ile, chez ‘el abuelo’, petit papi de 83 ans, tenant une représentation de camping situé au bout d’un chemin terreux. L’ambiance étant humide, il nous invite fièrement dans sa maison Mapuche traditionnelle qu’il a conçu lui-même. Il a fait un feu au milieu de la cabane, comme tous les matins.: un petit foyer juste pour se réchauffer et ne rien faire d’autre qu’à le contempler. On partage avec bonheur ce petit moment routinier. Il est fier de nous raconter sa vie.





(photo argent)ARGENTINA



 On retourne en Argentine en choisissant un passage de frontière excitant. Après 20 km de pistes au pied du volcan Choscuenco, on arrive à un petit port sorti de nulle part : Puerto Fuy. Un micro ferry nous attend pour une heure et demie de croisière le long du lac Pirihueico. 50 km de piste plus loin, on réveille la douane pour se retrouver par miracle en territoire Argentin. Une journée de bonheur !!!






On commence notre remontée en quelques jours sur la …ruta 40 (1000 km). On retrouve les plateaux andins perchés à 2500 m. On traverse les provinces de Neunquen, Mendoza pour arriver dans celle de Cordoba. La conquête de l'ouest n'est pas loin. On retrouve les mêmes anbiances que dans le Nord argentin. Nous n'arrivons pas à exprimer par des mots notre bien être dans ces régions. C'est juste une impression de revenir ...chez soi. Bizzare ...



MERCI CLAUDE ET ELISA !!!!
A Cordoba on retrouve avec plaisir Claude et Elisa Damato. Ils ont accepté, avec une grande générosité, d'accompagner notre camion dans leur bateau de retour (ils le surveillent, le chouchoutent pendant la traversée). Pour cela , il faut signer un papier d'autorisation devant un écrivain public (Petite feuille A4  déja remplie). L'opération durera ...5 jours. Heureusement le temps passe très vite en présence de Claude et Elisa que nous apprécions vraiment. 





De plus ils nous font découvrir deux personnes extras : Hector et Clara . Un soir chez eux, ils prennent le temps de nous raconter leur vie commune d'engagement :  comme guerilleros Cheguevaristes, prisons, exilés politiques  ....). On les écoute admiratif sans même oser prononcer un seul mot.


Nous en profitons également pour visister d'autres amis de voyage, la famille Koning, des argentins ayant vécus en France, rencontrés à deux reprises dans les contrées sauvages de Bolivie. Ils nous invitent chez eux (San Marcos de la Sierra à 100 km au nord de Cordoba). Nous passons tout simplement un wk formidable en leur présence.
Merci à Fabiana,Olaf,Louana,Naila et Aylin





San Marcos de La Sierra
De plus, ils habitent dans un village alternatif assez incroyable. Refuge d'hippies, d'intellos et d'anciens dissidents des dictatures successives, ils ont créé une communauté village. Toutes les décisions se prennent entre citoyens. Un vrai petit paradis républicain d'après les dires d'Olaf : Réunion toutes les semaines. Ils ont par exemple refusé les grandes surfaces commerciales qui tuent les commerces locaux, pas de station service (roule en vélos...), pas d'asphalte dans le village, protection de la nature (montagne, rio), pas d'agriculture intensive, pas d'engrais dans les fermes......


Semaine très riche en rencontres à Cordoba. Nous partons maintenant en direction du Nord pour rejoindre la famille Chauchard qui vient d'atterir sur le sol Chilien. Ils nous tarde de les voir et de vivre de nouvelles aventures communes.


Pendant ce temps l' école continue même si la concentration n'est pas toujours au rendez vous.....

A très bientôt pour le prochain post "Chauchard travel tour"...  














1 commentaire:

  1. Constance du Boisjoli de Plenosasse27 avr. 2011, 07:48:00

    Chere Madame Figaro,
    depuis mes années d'internat en école privée, je suis une lectrice assidue de votre journal et suis avec grand intérêt les reportages de vos globe-trotters aux Ameriques.
    Dans le dernier article, j'ai été subjuguée par ces propriétaires terriens acceptant de partager leurs couverts avec leurs métayers.
    Tant de bonté et de modernité à la fois, cela m'émeuuhhh. Installé à mes côtés dans notre living room style Louis XVI, Charles Henry m'a fustigé du regard lorsque je lui ai donné mon ressentiment. Il est peut-être un peu 'vieille France'.
    Je trouve parfois qu'il ressemble à la tête de sanglier qui est accrochée au mur, juste au dessus de lui (Charles Henry chasse à ses heures sur nos terres).
    Vos reporters ont beaucoup de talent, pourriez-vous les envoyer couvrir l'évènement 2011 de cette année, à savoir le mariage princier de William et Kate ?
    Ce serait à n'en pas douter un honneur pour eux que de cotoyer les grands de ce monde..
    Quelle sera donc la longueur de la robe de Kate ?
    Je n'en dors plus ..
    Princes, laquais, Kate (désolé . .), quel merveilleux spectacle ! ! !

    Bien à vous,
    Joelle Robinais d'Eauchaude

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