Libertad

"Un voyage se passe de motifs.Il ne tarde pas à prouver qu'il suffit à lui-même.On croit qu'on va faire un voyage ,mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ,ou vous défait" de Nicolas bouvier

vendredi 10 juin 2011

San Rafael- La pampa- Du côté de l'atlantique-remontée vers BA- BA et Tigre - Chutes d'Iguazu y Misiones

 SAN RAFAEL
Nous traversons pour la dernière fois la frontière entre le Chili et l’Argentine. La douane chilienne, d’habitude très tatillonne, nous laisse passer sans rien nous substituer avec en supplément de nombreux sourires.

On se rend sans tarder dans la ville argentine de San Rafael (150 000 habitants) au pied de la cordillère. Ce lieu est pour nous un concentré d’Argentine.

Elle est composée d’artères perpendiculaires formant des carrés de 100 m de côté (mas o menos) appelés « cuadras ». L’argentin te signalera par exemple que : la boulangerie est à 3 cuadras y média dans la rue Bolivar…

Le sens de circulation est alterné d’une rue à l’autre, ce qui permet d’éviter de mettre des ronds-points ou des feux partout. La courte histoire de l‘Argentine explique le peu de diversité architecturale rencontré dans la plupart des villes. Elles deviennent intéressantes si on les observe à travers les Argentins.


San Rafael est une ville lente. On prend le temps dans les loisirs et au travail
Le commerce de proximité est une vraie réalité. On achète chez un spécialiste et non chez un généraliste (grande surface). Tout objet usé ou cassé n’est pas remplacé ou jeté mais réparé chez un professionnel (mas o menos).




Des centaines de micro commerces comme celui-ci jalonnent les rues des villes ou villages d’Argentine.






Des épiceries ambulantes s’arrêtent tous les 100 m devant immeuble, maison ou place de quartier.






En mécanique, chaque élément d’un véhicule possède son spécialiste (mas o menos !!!)
Ce qui génère de nombreux petits métiers: Goméria (pneus), freins, batteries.....

                                            



Petite pensée philosophique : Pourquoi changer ma voiture qui fonctionne ?





Il existe un service de transport de personnes , le REMIS. Des personnes proposent leur voiture et un peu de leur temps pour jouer les taxis (trop chers) à des prix très raisonnables. Ce service s’apparente à du système D institutionnalisé. Un service de transport de marchandises d’une rue à une autre est proposé: le flet






Mon frère est spécialiste du pneu, moi c’est les meubles en pin !






 
 
 Il existe des petits commerces dont la fonction principale est de remplir les bouteilles de gaz.








 Il existe des spécialistes de tout : du balai et du détergent ménager par exemple.




Tous ces petits commerces entraînent au-delà du service, un lien social très fort entre les habitants. Ils deviennent un lieu de rencontre entre voisins.. Le caractère mercantile disparaît pour laisser place à la communication. Il faut juste avoir un peu de temps…
Cette société de services existait en France il y a 40 ans. Les Argentins ne sont pas « en retard » , ils donnent juste l’impression de s’être arrêtés à temps.



La prise de maté (thé vert) dans la bombilla que l’on passe de bouche en bouche n’est-elle pas un symbole de maîtrise du temps présent et de convivialité ?




 Les normes existent mais ne sont pas multipliées. Elles sont également souvent transgressées. Ils vivent avec une certaine notion du risque (comme tous les peuples d’Amérique du sud que nous avons rencontrés). Ils ne tentent pas de tout légiférer (sécuriser) pour faire croire qu’une société sans risques est possible.On aime bien la petite phrase de Benjamin Franklin :

« Toute société qui est prête à sacrifier un peu de liberté contre un peu de sécurité ne mérite ni l’une, ni l’autre et finit par perdre les deux » .





 LA PAMPA (Province d'Argentine)






De San Rafael, pour se rendre côté atlantique, il faut traverser la Pampa.




 Les routes deviennent rectilignes. Elles sont bordées de fils barbelés délimitant de gigantesques espaces privés où paissent quelques troupeaux.







 Les arbres ont disparu et avec eux tout point de repère. Seuls germent en bord de route, des pneus éclatés, semés par quelques camions trop pressés.











 A 110 km/heure, la camioneta semble immobile. La prochaine station service est à 300 km. On ne peut s’arrêter au prochain croisement car il n’y en a pas. Impossible de sortir de la route, de s’évader. Pour pique-niquer, on s’arrête à un point quelconque de la route le long d’une barrière.








 Sur la route, la seule occupation , reste l’observation des éoliennes à l’horizon. Elles tournent, pompant l’eau souterraine dans les abreuvoirs.







Hacienda "l'espérance"


Des gens vivent ici : des gauchos (cow-boy argentins), des communautés indiennes parquées, des ouvriers et des grands propriétaires terriens. Ils semblent tous prisonniers de la pampa.

Notre traversée de la pampa durera 4 jours. Souvenirs fantasmagoriques.



Baie de Puerto Madryn



 DU COTE DE L’ATLANTIQUE





                    


Las Grutas

Las Grutas ressemblerait presque à une petite station balnéaire hors saison du Côté de la Vendée ou de la Bretagne, si ce n’est le passage régulier, devant nos yeux ébahis, de petits dauphins noirs et blancs appelés « toninas ».






Ces petits cétacés d’1m 50 ont refusé catégoriquement de faire la pause. Inadmissible !!!





 Pueto Madryn (Nord Patagonie)

Cette station et la péninsule de Valdes sont mondialement connues pour accueillir des centaines de baleines de juillet à février. Autant dire que la famille Robert a très bien choisi sa période d’observation en ce joli mois …de mai.



Plage del Doradillo


Nous sommes cependant récompensés de notre audace. Quatre baleines viennent d’arriver sur la superbe plage del Doradillo. Le spectacle est grandiose et dès le premier jour nous pouvons prendre des photos.






Pour obtenir ces deux photos, nous avons supprimé 113 photos de gros plans flous sur l'océan.










C'est la tête de la même baleine (ballena franca austral).









La surprise d’en voir et la beauté du tableau, nous rendent complètement addicts . On passe nos journées à scruter la mer afin de les observer .
                                               
Plus au sud (200 km de Puerto Madryn)

Quelques bivouacs et visites nous permettent de rentrer en Patagonie côté Argentine pour observer de nombreux animaux.







 Le lièvre d’Afrique se trimbale avec un marcel, celui de Patagonie avec un petit manteau de fourrure sur le dos : c’est quand même bien fait la nature !!!








Rencontre insolite entre un pingouin de Magellan et un tatou grillant lamentablement la priorité à droite.










Un tatoo :  Bestiole d'un autre temps sorti tout droit de "Jurassic Park"





Un pingouin de Magellan en petite forme, il ne se sentait pas le courage de parcourir 6000 km jusqu’au Brésil avec ses copains (ils étaient 1 million au mois de mars !)







Les guanacos et les petites autruches (nandus) ont une faculté d’adaptation très impressionnante. On peut les retrouver à 4500 m côté bolivien ou chilien et à 2 m au dessus de la mer côté argentin.







  















 REMONTEE SUR BUENOS AIRES






Notre remontée en trois jours est axée sur la thématique de la police. Elle nous déloge deux fois de notre camp de bivouac avec les gros moyens : véhicules blindés, armes et projecteurs en pleine face. Après quelques vérifications d’usage, ils nous escortent jusqu’à une station service pour …notre sécurité.

Notre retour coïncide exactement avec « le match de foot qui paralyse le pays » dixit el Diaro (journal national) : La Boca - River Plate. Los negros (les gens d’en bas) supportent le quartier populaire de la Boca. La bourgeoisie de la capitale fédérale est tournée vers River plate. Deux jours avant (et après) , chaque argentin rencontré (c’est-à-dire beaucoup) nous parle de ce match: une vraie folie, inimaginable en France….Il faut en général prendre parti tout de suite. Nous nous sommes mués en supporters des deux camps suivant notre interlocuteur. A un contrôle de police sur la route, le lendemain du match, voici notre dialogue avec le policier (rien n’est inventé ou exagéré, nous l’avons écrit juste après notre arrestation).

Policier: Bonjour, police nationale, les papiers du véhicule SVP

En attendant que l’on cherche les papiers, il poursuit: D’où venez-vous ?

Eric: de France

P : Est-ce que l’Argentine vous plaît ?

E: Oui beaucoup

P : Permis de conduire SVP. Vous avez vu le match hier soir ? Je suis un fanatique de la Boca. Les papiers d’assurance SVP. Quelle équipe supportez vous en France ? (Il faut savoir qu’un argentin normalement constitué supporte une équipe, le policier pense que c’est la même chose en France . On connait un argentin dont on taira le nom qui n’aime pas le foot mais qui supporte une équipe juste pour survivre autour d’un barbecue entre copains)

E: Les girondins de Bordeaux

P: Ah Bordox (toutes les lettres sont prononcées) Y a t-il un joueur argentin dans l’équipe ? Passeport SVP.

E: Oui Cavenhagi !!!!

P: Ah oui je le connais . Très bon joueur ! J’espère que je ne vous ai pas dérangé .
Bonne route et suerte (chance) !

E: Muchas gracias y Viva la Boca  (là , c’est mon petit côté fayot!)

Morale de la petite histoire : Il est très important d'avoir une culture footballistique en Argentine pour passer les barrages de police sans trop de problèmes.


BUENOS AIRES ET TIGRE

Pour régler le retour de la camioneta en bateau, on loge dans le camping «  l’hirondelle » à Tigre (ville dans le delta du fleuve La Plata à 30 km au nord de la capitale). Lieu vraiment chouette malgré le temps un peu humide. On y rejoint Claude et Elisabeth, nos amis retraités voyageurs, qui vont accompagner notre véhicule (et le leur ) dans le cargo « Grande America » (tout un programme). Elisa chouchoute et s’occupe des petits bouts avec beaucoup d‘idées et de tendresse. Mario et Nina sont aux anges. Ce sont des personnes d'une grande générosité que nous apprécions beaucoup.




On y rencontre aussi tout plein d'autres voyageurs longue durée en attente de cargos. Jean-Paul et Gilberte et la petite famille Gesegnet, tous du Cantal .








Ensemble , on occupe le temps en variant les activités : balades en bateau dans le delta, visite de Buenos Aires, grillades, fête foraine ……

                           
Notre cargo ayant pris beaucoup de retard, la camioneta étant en très petite forme (embrayage mort) , on décide de prendre un bus de nuit pour …..


LES CHUTES D' IGUAZU Y MISIONES

On effectue un petit 16 heures de bus de nuit (temps de trajet très raisonnable en Argentine) pour quitter l’ambiance humide du delta et se retrouver dans la forêt tropicale au nord-est de l’Argentine , à deux pas du Brésil et du Paraguay. Nous sommes dans la région de Misiones , lieu de prédilection des Jésuites espagnols au XVIIème siècle.



Puerto Iguazu et les chutes








 Nous sommes aux portes de cascades parmi les plus hautes au monde : Les chutes d’Iguazu, lieu très touristique mais complètement dingue !!! Une journée de randonnée pour faire le tour des différents points de vue sur les chutes d’eau d’une violence inouïe, et le tout dans un cadre tropical magique : les enfants en ont rêvé la nuit suivante.







                                   

Le coati est l'emblème du parc avec le toucan : animal non domestiqué, mais gourmand de nature.

De plus, Puerto Iguazu fut, pour nous, un lieu de rencontres très agréable, mais fatigant (soirées arrosées et tardives) : Bon périple à Steve, Gaëlle, Valérie et Pierre !





San Ignacio

Dans ce village Guarani (indigènes de la forêt), la terre rouge contraste avec le vert éclatant des arbres tropicaux.
Il est connu pour sa ‘Reduccion’ : ‘San Ignacio Mini‘. C’est un village communautaire construit par les Jésuites où vivaient deux communautés : les Jésuites espagnols et les indigènes Guarani.




‘Reduccion’ veut dire ‘conversion’ en castillan. Ce faux ami nous plaît beaucoup car le but de ces lieux était quand même l’évangélisation de ces « sauvages ». Cependant l’organisation de ce village, paraissait avant-gardiste pour l’époque puisque chaque famille avait un lopin de terre, pouvait accéder au conseil communautaire et les Guaranis avaient un statut « d’homme libre ».
La stratégie des Jésuites pour propager le catholicisme fut simple: maintenir quelques traditions et coutumes indigènes, apprendre leur langue et utiliser l’art comme moyen d’évangélisation.


Dans les missions, les Guaranis étaient réduits à croire en Dieu pour ne pas être réduits en esclavage.


HASTA LUEGO CAMIONETA


Nous quittons notre camioneta. Elle part en croisière sur l'océan Atlantique avec Claude et Elisa. Elle sera récupérée au Havre par Jacques et Eliette (les parents de Vanessa).Elle est donc assurément entre de bonnes mains.
Son ombre voyagera encore avec nous jusqu’en Colombie. Muchas gracias compagnon de route pour nous avoir donné un supplément de liberté .







C’est les grandes vacances !!!. L’école est finie mais l'Aventure continue, en avion (si le volcan chilien Peyehue (post : chile sud) cesse d'envoyer ses cendres dans l'espace aérien argentin), puis en sacs à dos. Cap sur la Colombie...pour nos grandes vacances d'été.
Des nouvelles dans le prochain post "Colombia I"

3 commentaires:

  1. Bonne vacances la familia

    et bon repos la camioneta

    la famille beaussier

    PS : il reste donc un supportaire des girondins

    RépondreSupprimer
  2. paysages somptueux, péripéties rocambolesques (vues d'ici...), rencontres chaleureuses: décidément on a bien fait de chanter il y a 1 an: "le tourbillon de la vie des Robertos" !

    RépondreSupprimer
  3. quel spectacle ça a dû être les chutes d'Iguazu ! avec le son associé à l'image !!! que de richesses amassées pendant toute cette année...j'ai hâte de vous revoir...bonnes vacances en Colombie et gros gros bisous de la Sarthe ! Blandine, Sandro, Ameline et Ambre

    RépondreSupprimer